Soualmia Khaled affirme que les stocks stratégiques de l’Algérie en poudre de lait peuvent aller jusqu’à six mois, tout en assurant que les laiteries ont reçu 100% de leurs quotas. La crise se situe donc ailleurs…
Véritable crise ou simple perturbation ? Que se passe-t-il avec le lait en sachet ? Les spéculations vont bon train. Pour avoir une idée claire sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, nous nous sommes donc rendus à la source, à savoir l’Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers (Onil). Le directeur général, Soualmia Khaled, a bien voulu nous recevoir pour, insiste-il, rassurer l’opinion publique. D’emblée, il assure qu’il n y a aucun problème d’approvisionnement des laiteries. « Elles ont toutes reçu 100% de leurs quotas », a-t-il soutenu avant de se montrer encore plus rassurant. « Nous disposons des stocks stratégiques nécessaires qui peuvent aller jusqu’à 6 mois de consommation », a indiqué Soualmia Khaled. « Les stocks disponibles couvrent trois mois de besoins, mais les conventions signées avec les multinationales nous permettent d’avoir immédiatement trois autres mois », a-t-il précisé pour balayer d’un revers de la main tout risque de pénurie de lait due à un manque de matière première. Surtout qu’il rappelle que l’office qu’il dirige est en train d’appuyer le développement de la production laitière nationale. « En 2018, 3,5 milliards de litres de lait ont été produits localement », a-t-il rappelé. « Cela n’est pas destiné que pour le lait subventionné, mais il couvre une partie des besoins », a mis en avant le même responsable. « Une quantité qui est appelée à augmenter avec la stratégie que nous avons mise en place », promet-il avant de décliner les grands axes de cette stratégie. « Les activités de la division d’appui au développement de la production laitière se déclinent par les missions de deux directions, l’une chargée du dispositif de paiement des primes de soutien à la filière lait et la seconde chargée de l’appui direct aux élevages et à la production laitière (Daepl)», a poursuivi le même responsable pour ce qui sonne comme un plaidoyer sur les capacités de l’Algérie à garantir aux citoyens leurs besoins en lait. Le DG de l’Onil démontre donc que le souci ne se situe donc pas dans l’apprivoisement puisque les quantités nécessaires sont disponibles sur le marché. D’ailleurs, nous avons pu avoir accès à un document qui prouve que l’Algérie a importé plus de 180 000 tonnes de poudre de lait en 2019. Une quantité qui à doublé en à peine 10 ans (90 000 tonnes en 2019). Comment expliquer cette situation alors que les besoins n’ont pas autant augmenté et la production locale a connu une nette progression ? Il semble donc que le souci soit dans la production ou la distribution. « Nous n’avons pas de relations directes avec les distributeurs », a soutenu le DG. « La relation de l’Office est avec les laiteries. Elle est matérialisée par la mise en place d’une convention spécifique Onil- laiterie qui rentre dans le cadre de la mise en œuvre du dispositif de régulation du marché national du lait », a -t-il expliqué. « Ces laiteries bénéficient des matières premières laitières importées subventionnées (poudre de lait, matières grasses laitière anhydre (Mgla),qui sont destinées exclusivement à la fabrication du lait demi-écrémé (15 g de matière grasse /litre) pasteurisé conditionné en sac de polyéthylène, vendu à un prix administré de 25 DA le litre », a-t-il insisté. « Nous contrôlons la traçabilité de la poudre de lait subventionné, grâce à ces conventions. Ce sont les laiteries qui sont liées aux distributeurs avec ce que l’on appelle une feuille de route. Celle-ci permet de retracer le chemin du lait subventionné », a-t-il rétorqué. Le rôle de l’Onil n’est donc pas dans le contrôle des distributeurs, même si elle a des représentants dans la commission ad-hoc qui compte également des représentants des ministères du Commerce et ceux de l’agriculture.